chanteur folk lillois louis aguilar

Louis Aguilar, la folk tranquille

Fan du Lillois depuis la sortie de son ptit miracle Old Man Poems en 2009, Circonflex Mag a été de nouveau – et sans trop de surprise – transporté par son nouvel album, OH BOY. Une fois de plus, le « crooner folk », comme on aime l’appeler, livre de tendres mélodies. Épurées, mais bougrement efficaces…En anglais cette fois, il nous narre ses comptines, presque dans un murmure. Et nous fait voir un peu d’Elliott Smith, pas mal de Bob Dylan, et beaucoup de lui avec sa voix grave, et sa folk sage, joliment torturée. On adhère à cette douce thérapie. Pour discuter avec ce crooner moderne, quoi de mieux qu’un échange épistolaire 2.0. Louis Aguilar a répondu aux questions échangées avec la boîte mail de Circonflex Mag.

Circonflex Mag : Quels seraient tes premiers mots pour évoquer OH BOY ?

Louis Aguilar : Je pense qu’on peut dire que c’est l’album de la maturité. (Rires, oui, on les a entendus).

chanteur folk lillois louis aguilar
La pochette du nouvel album de Louis Aguilar : Oh Boy.

Qu’as-tu le plus appris sur toi-même à travers ces 4 albums en tant que Louis Aguilar, puis avec ton binôme de Weekend Affair ?

D’une certaine manière, j’ai enregistré des albums toute ma vie de jeune adulte. Tous mes souvenirs et ma personnalité ont été en lien étroit avec la musique. Ce que j’en retire, c’est avant tout l’importance de l’écoute, à la fois des autres mais aussi de moi-même. Et savoir faire confiance à un entourage bienveillant.

 

Comment OH BOY est-il né ?

C’est un album écrit sur 7 ans dans plusieurs pays… et enregistré en 5 jours dans 12 mètres carrés ! C’est une sorte d’album-souvenir de plusieurs mini époques de ma vie. Par exemple, “All good now” a été écrit en 2011 lors d’un voyage au Canada alors que j’ai composé “Oh dear” l’an dernier au piano, dans un studio à Bâle, après un concert. L’album est né du besoin de coucher tout ça sur un disque pour être sur de ne pas oublier. C’est souvent comme ça que j’écris, par peur de ne plus me souvenir.

Rupture ou abandon ?

D’ailleurs, qui est ce Boy qui te laisse tout seul dans Oh Boy ?

« Oh Boy » est une expression assez courante dans la culture américaine. Elle peut signifier autant la peur du vide qu’une profonde tristesse ou qu’une marque d’affection. C’est un peu tout ça qui se retrouve dans l’album. Quant au morceau Oh Boy, je n’arrive pas à savoir s’il s’agit d’une rupture ou d’un abandon.

Tes précédents albums parlaient beaucoup d’amour, celui-ci aussi, avec peut être plus de nostalgie (Long Summer), et de séparation (On your way there). L’amour et ses turbulences, toujours une source d’inspiration pour toi ?

C’est un peu mon sujet de prédilection, c’est vrai. J’ai du mal à parler d’autre chose… L’amour et tout ce qui en découle, c’est une source assez intarissable de sujets de chansons quand même…

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Louis Aguilar en cowboy dans le clip de Just a Fool.

Tu passes très bien du français (avec Weekend Affair), à l’anglais (sous Louis Aguilar). Est-ce que l’anglais te permet d’aborder des sujets plus intimes ?

Oui, je pense que mes textes en anglais se rapprochent plus de mon for intérieur. Parce que j’écris en anglais depuis bien plus longtemps qu’en français. J’espère parvenir un jour au même degré de confiance avec le français. Mais c’est une langue autrement plus complexe à modeler, alors ça risque de prendre du temps.

Chez Circonflex Mag, on a adoré le cowboy moderne et mélancolique que tu incarnes dans le clip de Just a Fool. Peut-on espérer le recroiser dans un futur clip pour une des chansons de l’album ?

Il n’est pas exclu que ce personnage revienne… À vrai dire, il n’est jamais très loin puisqu’il n’y a presque aucun costume dans ce clip, tout sort directement de ma garde-robe !

 

D’ailleurs, ce cowboy, est-il comme un clin d’oeil, un retour aux sources à tes premières expériences musicales aux États-Unis ?

Oui certainement ! J’ai beaucoup voyagé là bas, entouré de cowboys, et c’est clairement un univers qui me nourrit. Certains morceaux de l’album sont d’ailleurs nés lorsque je vivais dans le Missouri. Mais c’est aussi une sorte de réflexion sur ma manière de percevoir le monde tel qu’il est maintenant. Même au plus profond d’une vallée, le plus sauvage des cowboys reçoit des emails de pub pour du dentifrice ou cherche une cowgirl sur Tinder. Il n’y a presque plus d’échappatoire finalement.

C’est toujours rigolo d’être maquillé en tigre

Sur tes pochettes d’albums solo, on n’a jamais vraiment vu ton visage, mais plutôt des dessins. Sur OH BOY on l’aperçoit enfin, mais tu es grimé en tigre… Pourquoi cette volonté de rester « incognito » ?

Ce n’est pas vraiment une volonté de rester incognito puisque je n’ai rien contre les photos à visage découvert et que j’apparait même dans mes clips maintenant. C’est plutôt une manière d’aborder l’objet disque comme quelque chose qui appartient plus à la personne qui l’achète qu’à son auteur. Dans ce sens, je ne vends pas tant une photo de moi que des morceaux de musique qui viendront peut-être faire la B.O des souvenirs des gens qui les écoutent. Ils n’ont pas besoin de mon visage pour cela. Et puis, après tout, c’est toujours rigolo d’être maquillé en tigre !

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Pochettes des albums de Louis Aguilar, de gauche à droite : Old Man Poems, EP It’s all gonna be fine, et son album de reprises カラオケ

Depuis ton dernier disque en solo (l’album de reprises カラオケ) il y a eu un album avec ton binôme de Weekend Affair (Du rivage). Le retour en solo n’a pas été trop brutal ?

Non, j’aime jongler entre les projets, ça permet de pouvoir prendre du recul sur les choses quand il le faut et c’est important quand on a la tête dans le guidon. Il n’y a pas vraiment de moment consacré uniquement à l’un ou l’autre de mes projets. En plus, j’ai travaillé avec Cyril (Debarge, de Weekend Affair) sur ce disque aussi, il n’est jamais bien loin !

Je rêverais de chanter avec Angel Olsen !

Dans ton album de reprises, tu présentais les figures qui t’inspirent, que tu admires. Et en ce moment, tu écoutes quoi de la scène actuelle ? Et si l’occasion se présentait, avec quel artiste aimerais-tu collaborer ?

L’album est sorti le même jour que l’album de Voyou, qui est un très bon ami et dont la musique me plait beaucoup. Je pense qu’une prochaine collaboration se fera avec lui s’il est d’accord. Sinon, j’écoute pas mal Rodrigo Amarante, Kevin Morby et Angel Olsen. Je rêverais de chanter avec Angel Olsen !

C’est quoi la suite pour toi et OH BOY?

En fait, pour tout vous dire, je suis devenu papa pour la deuxième fois au mois de juin dernier. J’ai profité de mon studio maison pour pouvoir consacrer le plus de temps possible à mes enfants. Maintenant que les premiers mois sont passés, je vais repartir un peu sur les routes et emporter avec moi Oh Boy pour le jouer aux quatre coins du monde. A coté de ça, on écrit pas mal avec Weekend Affair, je pense qu’on sortira de nouveaux morceaux assez rapidement. Et puis j’ai aussi un projet folk collaboratif avec deux autres musiciens amiénois ,Richard Allen et Harris B. Pilton, que vous pouvez d’ores et déjà suivre sur Facebook.

chanteur folk lillois louis aguilar
Louis Aguilar au Dancing

Avec OH BOY, Louis Aguilar nous emmène sur la route . Une route qui n’est pas linéaire. Où il fait plein jour, puis soudain nuit noir, avec quelques néons. Et aucune inquiétude si après l’écoute de ce bijou, vous vient l’envie de partir en voyage, de tomber amoureux, ou de flotter nu.e dans les Grands Lacs. L’album est dès à présent dispo sur toutes les plateformes (et il est plus que recommandé de filer l’écouter).

Mathilde Collet